A. Introduction :
Souvent le mot خمار ou khimār [xiˈmār] du Coran (Cor. 24:31) est rendu par voile et il est soutenu qu'il s'agirait d'un ustensile vestimentaire utilisé dès la période préislamique en Arabie. Dans cet article, nous allons étudier la question sur le plan sémantico-linguistique en nous fondant sur la poésie dite préislamique et les sources anciennes disponibles, pour décortiquer le sujet.
B. Exemple de poèmes anciens usant du mot khimār (خمار) :
B-1. Awf ibn Atiya :
ولنعم فتيان الصباح لقيتم وإذا النساء حواسر كالعنقر
من كل واضعة الخمار وأختها تسعى ومنطقها مكان المئزر
" Qu'ils sont beaux ces jeunes hommes et ces dames nues comme la fraicheur que vous avez croisés en ce matin.
Nues de tout ce qui est voilé par le khimār et leurs soeurs [non voilées] recherchées, et même du lieu caché par leur izār [leurs sexes]."
Dans ce poème le terme khimār est utilisé comme cachant tout ce qui est recherché chez une femme. Le poète y décrit donc la nudité totale de ces dames, et le khimār est désigné comme cachant tout ce qui est recherché. Il apparait ainsi que le terme khimār de ce poème ne peut pas désigner un ustensile servant spécifiquement à se couvrir la tête.
B-2 . Manzur Marsad ibn el-Asadi :
جارية بسفوان دارها
تمشي الهوينا مائلا خمارها
Elle court vers sa demeure avec Safwan...
Inclinant son khimār sensuellement...
" Inclinant son khimār sensuellement ", le khimār ne peut pas selon ce poème se réduire à un couvre chef dans l'Arabie préislamique où la nudité de la femme n'avait rien de tabou.
Sur base de ce poème, il n'est pas soutenable que le khimār voilait les cheveux, et il s'entend plutôt que le corps se dévoile graduellement et entièrement. La femme qui y est décrite laisse descendre son khimār lentement et se déshabille pour son amant chez elle. Comprendre que celle-ci retire son voile lentement est non pertinent concernant une société où le fait de se promener les seins découverts était usuel. Se cacher dans sa demeure pour exhiber seulement ses cheveux n'est pas plausible suivant ce poème érotique dans l'Arabie préislamique où la nudité féminine était chose banale : une telle interprétation serait anachronique.
B-3 . Sahr écrit à propos de sa soeur :
والله لا أمنحها شرارها *** وهي حصان قد كفتني عارها
ولو هلكت مزقت خمارها *** واتخذت من شعر صدارها
Dieu m'est témoin que je ne tente pas à réfuter ses erreurs *** Or c'est là la meilleur preuve de sa pudeur...
Même lorsqu'elle périt et que son khimār se déchire *** Elle prend de ses cheveux sur sa poitrine.
" Même quand .. son khimar se déchire, elle prend de ses cheveux sur la poitrine " ; ici il ressort que le khimār couvrait la poitrine de la soeur du poète. Elle ne se soucie nullement de ses cheveux lorsque son khimār se déchire..
Ici, le poète vante la pudeur de sa soeur qui est décrite comme ayant pris de ses cheveux sur la poitrine même sur le chevet de la mort lorsque son khimār s'est déchiré. Si le khimār était un ustensile devant cacher les cheveux -comme soutenu par les traditionalistes-, la poitrine ne serait pas dénudée quand celui-ci se déchire, et utiliser ses cheveux pour dissimuler ses seins perdrait son sens si les seins étaient déjà apparents avant le déchirement du khimār. Si le khimār devait cacher les cheveux, il serait incohérent pour sa soeur de prendre ses cheveux qui se découvrent sur la poitrine déjà nue. Il ressort donc de ce poème que lorsque le khimār se déchire, ce ne sont pas les cheveux qui se dénudent mais les seins, et celle-ci prend de ses cheveux sur ses seins pour des dissimuler par pudeur. Que le khimār cachait les seins de sa soeur est selon ce poème très explicite. Cela va à contresens de la thèse traditionnelle soutenant que le khimār servait initialement à couvrir les cheveux, sans couvrir la poitrine.
C. Exemple d'usage dans l'époque préislamique :
De même que ces poèmes le montrent clairement, le terme khimār semble avoir été usité chez les Arabes avant la période islamique.
L'expression ancienne arabe "almar'ah taxxammārāt b'il xiˈmār waxtamarat" signifie "la femme se couvre de sa couverture et reste couverte". Cette expression demeure obscure et ne délimite pas l'idée de se couvrir spécialement à une partie particulière de son corps. L'invocation de cette expression pour soutenir que le voile dissimulait les cheveux serait une approche tautologique sans fondement réfutable.
Juburi soutient que le terme khimār signifierait la couverture des cheveux en invoquant l'expression "taxammur bil-imāmāh" et remarque que cela signifie "couvert d'un turban", or si le mot khimār se limitait à un couvre-chef, cet usage serait une faute de langue et un pléonasme inutile. La combinaison de ces deux termes prouve au contraire que le terme khimār ne désignait précisément pas un couvre-chef.
De même, il est souvent invoqué pour soutenir cette thèse, l'expession ancienne bien connue touchant certains personnages masculins préislamiques désignés comme "ذال خمار " [ð'ul xiˈmār] soit "celui qui est couvert" (sans doute d'une cape). Tout particulièrement pour al-Aswad al-Ansi (ibn Ka'b Ablahah) et Awf ibn al-Rabi ibn el-zhi Ramahayn désignés respectivement comme "ð'ul xiˈmār" le dernier étant mentionné comme ayant pris le khimār de son épouse et vaincu un adversaire, en sorte que lorsqu'on demanda à son adversaire en agonie qui l'a blessé celui-ci aurait dit "ð'ul xiˈmār". Pour l'historien et le linguiste, cet incident ne dit rien sur ce que signifiait ici le terme khimār qui demeure donc obscur et indéterminé, par conséquent en se fondant sur ce qui est apparent, il est impossible de soutenir sur base de ce récit que le terme khimār désignerait le voile. Il est par ailleurs impossible pour un Arabe de se promener dans le desert et qui plus est en pleine bataille la tête découverte. Cette description ne peut pas lui être propre si nous soutenons que cela traiterait d'un couvre-chef. Il s'agissait probablement d'une cape ou d'une couverture intégrale. L'expression "ð'ul xiˈmār" désignant ce caractère ne peut donc pas être utilisé pour soutenir que le khimār cachait les cheveux. Notre avis critique est que ce qui est visé ici devait être un genre de cape, car l'abondance des textiles et les longues traines étaient à l'époque un signe de noblesse et de richesse. Les plus pauvres ne possédant aucun habit. Mais il est également permis de penser qu'il pourrait s'agir d'un drap couvrant le corps intégralement, il semble peu plausible que la personne tuée connaissait l'identité de son adversaire.
La plupart des dictionnaires décrivent le terme khimār comme un voile, or, tous soutiennent de même que le sens primitif du terme signale tout ustensile servant à couvrir une chose. Par conséquent, même si nous admettons que le terme khimār a pu être utilisé dans la période préislamique pour désigner la couverture des cheveux, il ne ressortira pas de là que le Coran visait cela au verset : (Cor. 24:31).
والخِمارُ، بالكسر: النَّصِيفُ، كالخِمِرِّ، كطِمِرٍّ، وكلُّ ما سَتَرَ شَيئاً فهو خِمارُهُ ج: أخْمِرَةٌ وخُمْرٌ وخُمُرٌ.
(القاموس المحيط : الخِمَارُ)
D. Le mouton couvert :
Une autre expression arabe bien ancrée fondée sur cette racine est l'expression (مخمرة من الابيض) "muxammerah min'al abyadˁ" désignant le "mouton couvert de blanc à tête noire", tandis que les termes (محمرة من الاسود) "le mouton couvert de poils noirs à tête blanche" se disait au contraire "muxammerah min'al aswad". Autrement dit, ce qui est couvert d'un khimār n'est pas la tête mais tout le restant du corps. Ce qui rejoint le verset (Cor. 24:31) commandant de rabattre une couverture sur la poitrine.
Selon les ouvrages d'exégèse anciens, à l'instar de celui d'ibn Kathir, les femmes arabes demeuraient les seins découverts avant le verset du khimār, et al-Bukhari et d'autres historiens rapportent selon Aïcha que lorsque le verset du khimār a été transmis, ces dames aux seins nus ont découpé leurs izār (drap couvrant exclusivement le bas du corps) pour voiler leurs parties supérieures.
"Muxammerah min'al abyadˁ" désignait : "couvert de poils blancs". Expression qui renforce la thèse que le khimār devait cacher la poitrine demeurant découverte.
E. L'obligation de prier avec un khimār, et l'approche des gens de Médine selon Malik ibn Anas :
حَدَّثَنَا هَنَّادٌ، حَدَّثَنَا قَبِيصَةُ، عَنْ حَمَّادِ بْنِ سَلَمَةَ، عَنْ قَتَادَةَ، عَنِ ابْنِ سِيرِينَ، عَنْ صَفِيَّةَ ابْنَةِ الْحَارِثِ، عَنْ عَائِشَةَ، قَالَتْ قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صلى الله عليه وسلم "لاَ تُقْبَلُ صَلاَةُ الْحَائِضِ إِلاَّ بِخِمَارٍ".
Il est bien connu que l'Imam Malik se fondait sur la pratique des gens de Médine pour sa jurisprudence, or le hadith Sahih mentionné ci-dessus exige à la femme de se munir de son khimār pendant la Salat. Or, l'Imam Malik ne considère pas que la femme doive couvrir tout son corps lors de la prière, ce qui semble montrer que le sens du mot khimār a bien subi une dérive sémantique depuis son époque. Voici une synthèse de la notion de awra que le khimār doit cacher lors de la prière selon l'Imam Malik :
"Pour la femme libre : La nudité essentielle (ʔAwrah Muɣallaza) à couvrir : c'est tout son corps sauf ses membres, sa poitrine, le haut du dos et ce qui au dessus.
La nudité légère ('ʔAwrah Muxaffafa) pour elles est constituée de la tête, le cou, la poitrine, le haut du dos, les bras et avants bras, du genoux jusqu'aux pieds. Le visage et les mains ne sont nullement une nudité pour la femme.
Celle qui prie (sans l'oubli ou l'impossibilité) sans couvrir une partie ou la totalité de sa nudité essentielle (Muɣallaza) : sa prière est invalide et il faut qu'il la refasse (rattrape) obligatoirement même si son temps est fini.
Khimār non accepté pour la prière.
Pour celui ou celle qui prie sans couvrir sa nudité légère (Muxaffafa) sa prière reste valide mais il lui est préférable de refaire sa prière dans le temps de celle-ci (en se couvrant davatage).
Khimār acceptable pour la prière. correspondant à la partie couverte par un izār.
Exception :
Pour la femme si elle découvre le dessous des pieds (la plante des pieds) elle ne refait pas sa prière même dans le temps." (Fin de citation, voir Kitāb al-Fiqh ʔalā al-maðāhib al-ʔˤrbaa tome I page : 172 et voir les vers d'ibn 'Âshir à ce sujet.)
Khimār accepté certainement pour la prière.
Cette approche est notable, car il s'agit d'une démonstration indirecte du sens primitif du terme khimār. La pratique du temps du Messager sur base du verset du khimār justifiait de se couvrir complètement, tandis que le sens primitif original du terme khimār continuait à justifier cette lattitude en privé pendant la prière.
La description de la nudité légère chez les dames croyantes, suivant le rite malékite correspond à l'izār, une pagne recouvrant la partie du corps de l'abdomen aux genoux. Cela rejoint les propos de Aïcha d'après al-Bukhāri [2], disant que lorsque le verset commandant aux dames de couvrir leurs seins de leur Khimār à été révélé, elles ont coupé des morceaux de leurs pagnes pour se couvrir d'avantage.
F. La Lexicologie et les Dictionnaires, Chronologie :
Le premier dictionnaire en langue arabe connu est le Kitab el ʔayn remontant à deux siècles après le Prophète qui n'est pas exhaustif et ne mentionne pas ce mot. Raghip al-Ispahani explique le terme khimār d'une façon neutre. Cet ouvrage étant antérieur au Lisan'al ʔArab d'ibn Manzur (1233-1312) de 300 ans, le mot n'y a pas encore atteint son sens terminologique. Raghib, comme dans tous les premiers dictionnaires explique que le terme khimār signifie initialement l'idée de couvrir une chose, et rajoute ensuite le mot khimār a pris dans la jurisprudence islamique le sens du voile couvrant les cheveux des dames.
Raghip al Ispahani (m.1018) décrit donc le Khimār dans son Mufradat, en ces termes,
أصل الخمر: ستر الشيء، ويقال لما يستر به: خِمَار، لكن الخمار صار في التعارف اسما لما تغطّي به المرأة رأسها، وجمعه خُمُر:
Le terme est effectivement décrit avant son époque, comme dans le al Muhīt fī'l lughah (996) d'après al Sāhib ibn Abbād sans autre précision : "La femme se couvre d'une couverture la couvrant".
.واخْتَمَرَتِ المَرْأة بالخِمَار خِمْرَةً
Dans Maqāyis al Lughah (1004), ibn Fāris écrit : "Se dérober, cacher. Le Khimār est aussi la couverture de la femme qui a été commandée de bien se couvrir."
أَيْ يُخْتَلُونَ وَيُسْتَتَرُ لَهُمْ. وَالْخِمَارُ : خِمَارُ الْمَرْأَةِ. وَامْرَأَةٌ حَسَنَةُ الْخِمْرَةِ، أَيْ لُبْسُ الْخِمَار
Or, Fayyūmī (1368) écrira cependant quelques siècles plus tard, dans Al Misbāh al Munīr, fī Gharīb al Sharh-il Kabīr : "Khimār : le Khimār est un habit que les femmes mettent sur la tête, le pluriel est khumūr. Il a ainsi été écrit et réécrit, la Femme s'est couverte, elle porte une couverture."
خ م ر : الْخِمَارُ ثَوْبٌ تُغَطِّي بِهِ الْمَرْأَةُ رَأْسَهَا وَالْجَمْعُ خُمُرٌ مِثْلُ: كِتَابٍ وَكُتُبٍ وَاخْتَمَرَتْ الْمَرْأَةُ وَتَخَمَّرَتْ لَبِسَتْ الْخِمَارَ
Ce sont là des exemples parmi les plus anciennes définitions de ce mot connues et encore disponibles, confirmant un changement sémantique et terminologique chez les fidèles dans le temps du terme, comme explicité dans le Mufradāt d'al Ispahānī. En réalité, l'étymologie de la racine signale l'idée de couvrir quelque chose, or le mot khimār a acquis une acception spécifique avec la pratique et suivant l'usage des femmes de Yathrib après le verset du khimār. En effet, ne sachant pas les parties de leurs charmes pouvant demeurer apparentes selon le verset, celles-ce s'étaient couvertes intégralement à la suite de ce verset.
Originellement le khimār désigne un ustensile servant à couvrir quoi que ce soit, et a acquis au fil du temps l'idée de rideau, voile, châle, burqa, ou de voile masquant le visage. Les divergences profondes sur l'usage exact du khimār chez les fidèles est une preuve indirecte de ce processus de dérive sémantique. Les femmes de Yathrib qui s'étaient intégralement couvertes par esprit de piété à la suite du verset du khimār ont ainsi institué un usage qui deviendra une référence après le décès du Prophète comme usage avalisé par celui-ci. Or, initialement, la partie à couvrir visée par le dit verset était plus spécifiquement la poitrine et aucun hadith sain n'institue une règle particulère ou unique.
Avant le verset du khimār certaines femmes arabes islamisées continuaient à sortir les seins découverts, se contentant de cacher le bas de leurs corps. La partie que le verset du khimār permettait de laisser apparent a été interprétée tantôt comme les bras, tantôt comme les cheveux, le visage et les mains, or l'idée littérale visait de couvrir l'espace séparant les deux seins, les cacher du regard, même si leur forme demeurera apparent.
Pour des raisons invoquées dans le rite hanafite ou malékite, ces deux écoles permettent de découvrir, une partie des cheveux, des pieds, ..., les bras du fait que la femme est parfois amenée à laver le linge à une rivière ou à un lac (par nécessité, dˁarûrah).
Quant aux esclaves, n'ayant pas le statut d'une personne responsable, elles pouvaient rester entièrement nues, et mangeaient des restes de leurs maitres.
Quoi que dans les grandes villes l'usage des femmes de Yathrib se soit imposé par certains compagnons comme la règle, dans les recoins du monde musulman et en campagne, la vestimentation féminine des musulmanes était demeurée hétéroclite, néanmoins conforme aux prescription textuelles du Coran, mais différement des femmes de Yathrib. Elles ne faisaient pas commes les dames de Yathrib, mais pouvaient laisser apparent certaines parties de leurs corps, en conformité avec le sens textuel du verset permettant vaguement de laisser une partie de leurs charme apparent. Le voile inégral ne s'imposera en réalité pas à l'ensemble du monde musulman avant le XIXeS, la majeure partie du monde musulman n'ayant que des notions basiques de la jurisprudence islamique conventionelle, mais disposant néanmoins toujours du Coran jusqu'au moindre petit village.
Le verset du ʤilbāb instituait, lui, chronologiquement la prise d'un drap par les musulmanes sortant de nuit pour faire leurs besoins étant d'usage de dormir entièrement nus à l'époque en Arabie (Cor. 33:58), en sorte de se différencier des femmes esclaves et éviter de se faire aborder par des personnes mal intentionnées. Or, beaucoup de musulmanes ne disposaient pas d'assez de draps pour se couvrir et la tradition rapporte qu'elles se partageaient leurs couvertures. Le verset du ʤilbāb n'instituant pas la façon de se couvrir, les musulmanes continueaient à sortir les seins nus. Cela est rapporté par les exégètes dont Tabari et ibn Kathir [1]. La croyance que le ʤilbāb devait couvrir le corps intégralement vient des recommandations dans les ouvrages de jurisprudence postérieures au Prophète et se fonde sur la standardisation de l'usage des femmes de Yathrib par certains disciples du Prophète. Autrement, après le verset du ʤilbāb il aurait été inutile de rapporter un verset recommandant de rabattre la couverture sur la poitrine. L'histoire infirme cette interprétation. Quant au verset du ħiˈdʒæːb, il concernait spécifiquement les épouses du Prophète et désignait originellement les rideaux de leurs chambres flanquées à la Mosquée du Prophète de Yathrib séparant leurs chambres de l'enceinte de la mosquée du Prophète à Médine. Terme qui, tout comme pour le xiˈmār et le ʤilbāb a acquis le sens de voile fluctuant d'un voile couvrant les cheveux à un voile intégral selon les écoles de jurisprudence.
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[1] « Qu'elles rabattent leurs couvertures sur leurs poitrines » (...) La couverture devait être désormais rabattue sur la poitrine à contrario de l'usage des femmes du temps de l'ignorance. Les femmes du temps de l'ignorance ne faisaient pas ainsi. Au contraire, la femme sortait au milieu des mâles les seins nus sans les couvrir de quoi que ce soit. Parfois elles exhibaient leurs cous, leurs tresses et leurs boucles d'oreilles. Allah a recommandé aux croyantes de se dissimuler tant par leur vestimentation que par leurs activités. (...) ibn abu Khatim a dit : Mon père m'a rappoté... Safiyyah bint Chaïba a raconté ceci : Nous étions en présence d'Aïcha, et discutions au sujet de la supériorité des femmes de Qoraïche. Aïcha a dit : Certes les femmes de Qoraïche ont leurs supériorités, or Dieu m'est témoin que dans la révérence du Livre de Dieu je n'ai pas trouvé de femme supérieure aux femmes des Ansar. Lorsque le verset de la sourate Nur disant « Qu'elles rabattent leurs couvertures sur leurs poitrines » a été révélé, les mâles sont rentrés chez eux leur transmettre ce qui a été révélé par Dieu.. Chacun a récité ce verset à son épouse, à sa fille et ses cousines. Toutes sans exception se sont mises à prendre leurs habits avec des motifs et des dessins pour s'en couvrir intégralement en signe de soumission au verset de Dieu et pour s'y appliquer. Le lendemain matin, elles se sont présentées derrière le Prophète étant complètement voilées. Au point qu'on aurait dit que des corbeaux s'étaient posés sur elles. Ce hadith est également transmis par une autre voire par abu Dawud, par la voie de Safiyyah bint Chaïbah... [ibn Kathir, (تفسير ابن كثير ; (24,31 .
[2] Said ibn Jubayr, explique cette partie du verset ainsi : Qu'elles rabattent leurs couvertures sur leurs poitrines en sorte que rien n'en reste visible. al-Bukhari rapporte : Ahmad ibn Chabib rapporte.. Aïcha a dit : Lorsque le verset « Qu'elles rabattent leurs couvertures sur leurs poitrines » a été révélé, les femmes de Yathrib ont découpé leurs izār pour s'en couvrir. À souligner que l'izār est assez long pour réaliser plusieurs tours de la taille avant d'être noué.